jeudi 18 août 2016

Les humanoides dans notre société


Vous l'aurez constaté : les robots envahissent les médias et commencent à pointer leur nez dans notre quotidien.


Sous le terme générique de robots, on mêle les algorithmes (bots), les équipements dotés d'un programme (tondeuse, domotique, ...) ainsi que les humanoïdes ou androïdes dont l'apparence générale rappelle celle d'un corps humain.

C'est ce type de robot que je vais évoquer car ils commencent à occuper une place dans le domaine de l'assistance aux personnes fragiles et qu'ils soulèvent des questions jusque là réservées aux œuvres d'anticipation.

L'acceptabilité

C'est le premier point délicat.

Ça commence avec la stupeur de John Fredersen, maître de Metropolis (Fritz Lang - 1927) quand il se retrouve face à une machine d'apparence humaine : l'être-machine.



On sait que l'être humain a une réaction particulière face à un robot humanoïde qui ressemble "trop" à un humain. C'est le concept de vallée de l'étrange (ou vallée dérangeante) qui justifie que certains fabricants de robots ne cherchent pas à pousser la ressemblance humaine trop loin, de manière à conserver un fort taux d'acceptabilité.

Les exemples de fiction où l'humain se trouve déstabilisé face à l'humanoïde ne manquent pas : la série Real Humans, l'épisode Bientôt de retour de la série Black Mirror ou l'humanoïde Gesicht dans le manga Pluto de Urasawa.



Je vous laisse imaginer les sentiments qui nous habiteront demain quand on se trouvera face à un robot capable de simuler des sentiments ... sachant que certaines personnes ont éprouvé une forme d'empathie en voyant le robot Atlas (pas très humanoïde pourtant) se faire perturber puis renverser volontairement par un humain.

Une force de travail

"L'usine du futur n'aura que deux employés, un homme et un chien. L'homme sera là pour nourrir le chien. Le chien sera là pour empêcher l'homme de toucher aux machines" - Warren G Bennis

Bien évidemment, la plupart des robots vont entrer dans notre quotidien pour occuper des fonctions dans l'assistance aux personnes fragiles (voir image du robot Kompai de Robosoft), dans l'éducation et progressivement pour remplacer des humains sur des postes de travail.



La presse croule sous les prédictions du % de postes qui seront remplacés par des robots dans les années à venir. L'humain sera donc probablement partiellement ou totalement libéré du travail, de gré ou de force. Ceci laisse entrevoir un futur apocalyptique (voir la série Trepalium) ou radieux selon les choix politiques.

Notre capacité à conserver la maîtrise


Nul besoin de rappeler Hal dans 2001 l'odyssée de l'espace ou les réplicants dans Blade Runner pour évoquer ce risque, même si il reste du domaine de la fiction ... pour l'instant.


Dès 1942, Isaac Asimov a proposé une base éthique avec ses fameuses trois lois de la robotique. On peut imaginer que les législateurs s'emparent un jour de cette base pour la décliner dans une loi qui cadrera le travail algorithmique qui animera les robots de demain.

Un autre risque, plus immédiat, concerne le sort des données prélevées par ces robots.
La proximité physique des robots humanoïdes et les interactions avec les humains laissent supposer une capacité à capter de nombreuses données à caractère personnel (conversations, habitudes, comportements, ...). D'où la préoccupation de savoir ce que le concepteur a prévu sur l'usage de ces données ...

Si l'on exclut, dans un premier temps, la possibilité qu'un robot produise ses propres pensées dans une forme d'autonomie, c'est bien le code (algorithme) qui fera des robots ce que nous voudrons qu'ils soient.
La question est de savoir si cette programmation sera orientée, ou pas, autour des relations sociales.


Ce qui nous distingue des robots, y compris avec une puissance de calcul supérieure à celle de nos cerveaux, c'est la culture de l'humanité, autrement dit notre capacité à appréhender les questions de vieillesse, de mort, de filiation et d'amour.

Pour autant, la science-fiction d'aujourd'hui est parfois le quotidien de demain, et on peut s'interroger sur la possibilité qu'un robot acquière un jour ces aptitudes. Je ne développerai pas car j'en suis bien incapable.

Pour finir, n'oublions pas le courant transhumaniste à la Ray Kurzweil qui dit que les humains devront se transformer avec les mêmes technologies que les robots, faute d'être dominés et de disparaître ...

Le droit

Comme souvent dans les domaines technologiques, la législation est en retard et des questions inédites et parfois étonnantes se posent déjà dans des situations mettant en cause des robots.


J'ai été moi-même surpris d'entendre Alain Bensoussan parler du droit des robots (???!??!!) il y a quelques mois sur le plateau de l'émission Ce soir (ou jamais !) de Frédéric Taddéi. Ce que j'ai d'abord pris pour une pantalonnade m'est ensuite apparu comme une juste anticipation d'un besoin incontournable.

Vous pouvez prendre connaissance des réflexions/travaux de son cabinet ici et en particulier de leur projet de Charte des droits des robots.

Sur un plan législatif, le Parlement européen travaille sur un projet de résolution sur la robotique et l'intelligence artificielle qui pourrait aboutir l'année prochaine, sur la base de ce rapport.

Le site Numerama a couvert cette émergence du droit dans le domaine des robots à travers quelques exemples :
Les philosophes commencent aussi à s'emparer de ces questions. A titre d'exemple,

Le futur

Nul doute qu'il sera différent de ce qu'on projette aujourd'hui, mais difficile d'imaginer que les robots ne vont pas durablement transformer notre société comme le font les smartphones au quotidien.



La série Real Humans propose certainement un condensé des questions évoquées dans ce billet (acceptabilité, remplacement des humains, statut juridique, maîtrise du code, singularité, ...).

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